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Algodystrophie cause et symptôme

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Qu’est-ce que l’algodystrophie ?


Longtemps appelé syndrome « épaule-main » est appelée désormais Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC). Elle est caractérisée par une douleur continue d’une région du corps, à l’extrémité d’un membre le plus souvent. Celle-ci peut être spontanée et/ou provoquée. Il s’agit alors d’un ensemble de symptômes atteignant plusieurs articulations du membre après un traumatisme ou une intervention chirurgicale, sans relation avec l’acte lui-même.

Les mécanismes exacts conduisant à l’algodystrophie sont mal connus, et seraient liés à l’hyperactivité d’une partie du système nerveux, le système sympathique ou à des modifications vasculaires en particulier veineuses, plutôt chez des sujets inquiets et anxieux de nature.

 

L’ algodystrophie peut se produire après :

  • Un traumatisme qui peut être très banal, comme une luxation ou une entorse.
  • Un acte chirurgical -même très simple, comme un syndrome du canal carpien.

Quels sont les symptômes ?


Le diagnostic d’algodystrophie est posé sur l’existence d’un faisceau d’arguments cliniques, mais il n’existe pas de signe spécifique. L’algodystrophie se caractérise par l’association de douleur, œdème, raideurs articulaires, modification de température et d’aspect de la peau, des ongles, des poils.

Les critères dits de Budapest sont exclusivement cliniques, ne laissant aucune place aux examens complementaires.

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Les signes cliniques se manifestent au-delà de la zone opérée ou traumatisée mais restent latéralisés et limités au seul membre (par exemple, enraidissement de toutes les articulations des doigts pour une opération canal carpien ; atteinte de l’épaule et du coude pour un traumatisme du poignet) :

  • La douleur est en général disproportionnée en durée et/ou en intensité par rapport à l’évolution habituelle du traumatisme responsable ou des suites opératoires standards. La douleur ne correspond pas à un territoire neurologique précis.
  • Elle s’associe à d’autres manifestations telles des sueurs, des changements de coloration de la peau, de sa texture, des modifications motrices, de la sensibilité nerveuse de la région douloureuse, avec une limitation des mouvements entraînant une raideur, des modifications de la température cutanée avec une chaleur ou un refroidissement de la zone anatomique.
  • Les troubles vasomoteurs (alternance de chaleur puis de froid) sont fréquents. 

Quels sont les examens complémentaires utiles ?


Sur les radiographies standards il existe une déminéralisation osseuse sur les radiographies avec un aspect « gommé  » de la trame osseuse. L’aspect peut être parfois confondu avec celui de l’ostéoporose ou bien encore avec l’aspect radiologique après une immobilisation platrée prolongée. Cependant cette apparence radiologique n’est en aucun cas un signe spécifique et une simple radiographie sans interrogatoire ni examen physique ne doit pas suffire à établir le diagnostic d’ algodystrophie qui est trop souvent galvaudé.

La scintigraphie est un examen enregistrant l’excès de vascularisation du côté atteint. L’image scintigraphique montre une hyperfixation sur le site douloureux et parfois le coude et l’épaule. Cet examen n’est pas non plus spécifique mais il peut être utile au cours de l’évolution de la pathologie.

Quelle est l’évolution habituelle de l’algodystrophie ?


Elle est très longue, s’étalant sur plusieurs mois et parfois jusqu’à 1 an 1/2.
Un nouveau traumatisme, une rééducation brutale peuvent entretenir ou réactiver les phénomènes douloureux. En principe, il n’y a pas d’indication chirurgicale avant plusieurs mois, sauf s’il existe une cause spécifique qui entretient un phénomène douloureux. (par exemple, un névrome sur une cicatrice douloureuse, un syndrome du canal carpien apres une fracture du poignet etc…) : c’est ce que certains ont appelé une « épine critique ». En règle, la plupart des signes finissent par disparaître. Dans certains cas peuvent persister des raideurs articulaires définitives.

Quel est le traitement de l’algodystrophie ?


La stratégie thérapeutique est souvent difficile a mettre en place dans ce contexte douloureux. L’objectif du traitement est double :

  • diminuer les douleurs et les réactions inflammatoires au début du processus.
  • limiter les séquelles liées à l’enraidissement articulaire.

 

Dans les formes « précoces » (moins de six à douze mois), en parallèle avec le traitement antalgique, les médicaments les plus intéressants sont les corticoïdes, les bisphosphonates et les médicaments de la douleur neuropathique. Le niveau de preuves reste cependant modeste et l’approche thérapeutique est pragmatique. La calcitonine hormone administrée par injections IM, (Calcyn®, Cibacalcine®…) a perdu progressivement son crédit et ne doit pas être utilisée plus de quatre à six semaines.

Dans les formes « tardives », les traitements médicamenteux sont ceux des syndromes douloureux chroniques en général, sans spécificité véritable du SDRC.

Mais la base thérapeutique demeure la restauration fonctionnelle précoce, en associant physiothérapie et ergothérapie. En plus des techniques antalgiques, du drainage, des mobilisations progressives, la réactivation précoce de l’ensemble de la personne souffrant d’un SDRC est primordiale. Il s’agit donc d’adapter les activités afin de lutter contre l’enraidissement et d’éviter l’immobilisation du membre. L’ajustement du niveau d’activités à la douleur est nécessaire afin d’éviter de déclencher des crises par une mobilisation forcée, excessive ou intempestive. Lorsque cette reprise d’activités s’avère trop difficile, les techniques de relaxation, voire une aide psychologique peuvent être proposées.

Plus spécifiquement pour le membre supérieur et en particulier pour la main la mise en place d’orthèses statiques et surtout dynamiques, réalisées sur mesure en plastique thermoformé, facilement gérables par le patient sont intéressantes. Elles complètent l’arsenal thérapeutique a disposition du soignant.

Quel est le pronostic ?


L’évolution se fait sur plusieurs mois, en pratique de 6 a 18 mois en règle générale. Les facteurs de mauvais pronostics, personnels et environnementaux, sont les mêmes, sans place pour une typologie propre au SDRC. Le rôle des messages délivrés par les soignants, et en particulier par le corps médical, est donc capital pour une prise en charge globale, bio-psychosociale, des malades souffrant de SDRC. Les patients ne doivent surtout pas être abandonnés mais au contraire suivis et « coachés » pour limiter la résignation et l’abandon des soins. L’ algodystrophie est une réaction douloureuse, enraidissante, dont le diagnostic est parfois difficile. Le traitement comporte plusieurs aspects au premier rang desquels un bon entourage du patient, une bonne coopération entre le chirurgien, le patient, le médecin traitant et le rééducateur. L’évolution, souvent longue, se fait cependant pratiquement toujours vers la guérison avec un parfois des séquelles fonctionnelles.

Références


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  • Konzelmann M, et al. Diagnosis of partial complex regional pain syndrome type 1 of the hand: Retrospective study of 16 cases and literature review. BMC Neurol 2013;13:28
  • Ringer R, et al. Concordance of qualitative bone scintigraphy results with presence of clinical complex regional pain syndrome 1: Meta-analysis of test accuracy studies. Eur J Pain 2012;16:1347-56
  • Van de Meent H, et al. Safety of «pain exposure» physical therapy in patients with complex regional pain syndrome type 1. Pain 2011;152:1431-8.
  • Varenna M, et al. Treatment of complex regional pain syndrome type 1 with neridronate : A randomized, double blind, placebo-controlled study. Rheumatology 2013;52: 534-42
  • Wüppenhorst N, et al. Sensitivity and specificity of 3-phase bone scintigraphy in the diagnosis of complex regional pain syndrome of the upper extremity. Clin J Pain 2010;26:182-9
dr patrick houvet chirurgien du membre superieur et des nerfs peripheriques a paris 16

L’auteur : Docteur Patrick HOUVET

Le Docteur Patrick Houvet, chirurgien orthopédiste à Paris et en Île-de-France, est spécialiste en chirurgie orthopédique du membre supérieur, ainsi qu’en chirurgie des nerfs périphériques.