Sélectionner une page

Syndrome canalaire du nerf cutané antébrachial latéral

Accueil » Pathologies des nerfs périphériques par région » Nerfs coude » Syndrome canalaire du nerf cutané antébrachial latéral

La première description de compression du nerf cutané antébrachial latéral (NCAL)est celle faite par Narasanagi en 1972, puis par Hale en 1976 sous le nom de « syndrome du sac à main »  (hand bag paresthesia) et enfin par Bassett et Nunley en 1982.

Le NCAL est une branche terminale sensitive du nerf musculocutané (MC).

Le nerf musculocutané provient du tronc secondaire du plexus brachial et au le bras il donne des branches motrices au coracobrachialis, au biceps au muscle brachialis. Puis il passe en aval sous la face latérale externe du tendon du biceps et il ressort entre 2 et 5 cm au-dessus du pli de flexion du coude. Après la perforation de l’aponévrose, le nerf devient ensuite superficiel : on l’appelle le nerf cutané antébrachial latéral (NCAL) et il est alors uniquement sensitif. Au pli du coude, au niveau de la veine céphalique, il se divise en branches antérieure et postérieure de l’avant-bras. La branche antérieure innerve la peau de la moitié radiale du côté antérieur de l’avant-bras. La branche postérieure innerve la peau du tiers radial du côté dorsal de l’avant-bras.

Qu’est-ce que le syndrome canalaire du nerf cutané antébrachial latéral ?


C’est la compression chronique du nerf sur son trajet. Un risque de compression du NCAL existe à deux niveaux durant son parcours :

  • La première zone lors de la pénétration du nerf dans le muscle coracobrachialis. Cette compression peut être aggravée par les mouvements d’abduction et de rotation externe.
  • La deuxième zone à l’émergence du nerf au bord latéral externe du biceps, avant de perforer l’aponévrose et de devenir superficiel. En cas de compression haute du nerf musculocutané les symptômes sont moteurs et sensitifs, mais en cas de compression du nerf au coude (compression du NCAL) les troubles sont uniquement sensitifs.

Quels sont les signes cliniques ?


La symptomatologie est dominée par des dysesthésies localisées dans le territoire de distribution du NCAL à la partie antéro-latérale de l’avant-bras : hyperesthésie au niveau de la gouttière bicipitale à l’endroit d’émergence du nerf et hypoesthésie en aval.

L’interrogatoire retrouve des sensations de brûlures, environ 4cm au-dessus du pli de flexion du coude au bord externe du biceps. Les symptômes s’aggravent avec les mouvements de pronation de l’avant-bras et en extension du coude.

On peut aussi retrouver sensibilité latérale du tendon biceps et une extension du coude douloureuse et incomplète en particulier avec l’avant-bras en pronation.

L’interrogatoire peut retrouver un traumatisme spécifique qui consiste en un mouvement d’hyper extension et pronation de l’avant-bras (pratique du tennis). Dans certains cas de rupture distale de la longue portion du biceps, une hyperesthésie du NCLA est observé du fait des modifications des rapports entre biceps et brachialis.

Le diagnostic repose sur le test d’infiltration de xylocaïne (test d’Olson) au niveau de la zone de douleur maximum ai bord externe du biceps. Cette infiltration doit faire céder la douleur.

 

Les symptômes sont souvent attribués à une épicondylite, une compression du nerf médian ou une névralgie cervico-brachiale. La compression du nerf radial superficiel peut être évoquée.

Quels sont les examens complémentaires nécessaires ?


Un électromyogramme (EMG) peut être réalisé pour diagnostiquer les lésions, mais il faut savoir que 50% donnent un faux-négatif, même après des études spécifiques avec l’avant-bras en pronation et le coude en extension

Une échographie dynamique n’identifie que rarement le conflit local.

Quels sont les traitements possibles ?


Le traitement de la compression du NCAL est en premier lieu médical, par médicaments anti-inflammatoires, arrêt du traumatisme causal, restriction d’activités physiques et orthèse de repos portée pendant 6 semaines. Des injections de corticoïdes et une anesthésie locale au niveau du point d’émergence du NCAL au bord externe du biceps, peuvent être pratiquées. La majorité des auteurs rapportent une durée de traitement conservateur d’au moins 6 mois. Au-delà, la libération chirurgicale du NCAL peut être discutée.

 

Le but est de libérer le nerf qui émerge au bord externe du tendon du biceps brachial.

L’incision est longitudinale ou transverse.

Après identification et décompression J a NCAL de l’aponévrose (neurolyse), un testing peropératoire en prono-supination est réalisé pour juger de l’importance de la compression de ce nerf lors de l’extension et pronation de l’avant-bras. Habituellement, une résection d’un triangle externe de l’aponévrose du tendon bicipital au point d’émergence du NCAL est associée à la neurolyse.

Quel est le pronostic ?


Une grande majorité des syndromes canalaires est traitée médicalement avec un bon résultat en quelques semaines. Si une intervention de neurolyse s’avère nécessaire, en dehors du préjudice cicatriciel, les suites sont habituellement satisfaisantes avec disparition des symptômes.

Références


  • Dailiana, Roulot E, Le Viet D. Surgical treatment of compression of the lateral antebrachial cutaneous nerve. J Bone Joint Surg [Br] 2000; 82B:420-3
  • Felsenthal G. Mondell DL, Reischer MA, Mack RH. Forearm pain secondary to compression syndrome of the lateral cutaneous nerve of the lateral cutaneous nerve of the forearm. Arch Phys Med Rehabil 1984;65: 139-41
  • Mackinnon SE. Dellon AL. The overlap pattern of the lateral antebrachial cutaneous nerve and the superficial branch of the radial nerve. J Hand Surg (Am) 1985: 10A:522-6
  • Narasanagi SS. Compression of lateral cutaneous nerve of forearm. Neurol India 1972;20:224-5.
  • Patel MR, Bassini L, Magill R. Compression neuropathy of the lateral antebrachial cutaneous nerve. Orthopedics 1991 ; 14:173-4.
dr patrick houvet chirurgien du membre superieur et des nerfs peripheriques a paris 16

L’auteur : Docteur Patrick HOUVET

Le Docteur Patrick Houvet, chirurgien orthopédiste à Paris et en Île-de-France, est spécialiste en chirurgie orthopédique du membre supérieur, ainsi qu’en chirurgie des nerfs périphériques.