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Qu’est-ce que le syndrome du canal carpien ?

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Le syndrome du canal carpien correspond Ă  la compression du nerf mĂ©dian au poignet. La plupart du temps il s’agit d’une pathologie nerveuse chronique et Ă©volutive. C’est le plus rĂ©pandu des syndromes canalaires au membre supĂ©rieur, et l’un des motifs de consultation les plus frĂ©quents en chirurgie de la main.

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Le syndrome du canal carpien est trĂšs frĂ©quent dans l’ensemble de la population. L’incidence annuelle du syndrome du canal carpien (SCC) est d’environ 3/1000 en France (soit environ 200 000 nouveaux cas par an). Chaque annĂ©e, en France, un peu plus de 130000 personnes sont opĂ©rĂ©es pour syndrome du canal carpien. Ce syndrome est plus frĂ©quent chez les femmes que chez les hommes ainsi que dans 2 tranches d’ñge : entre 40 et 50 ans, et entre 60 et 70 ans.

Le canal carpien ou « carpal tunnel» pour les anglo-saxons est une zone anatomique situĂ©e entre l’avant-bras et la main ou « talon de la main ». Ses parois latĂ©rales et dorsales sont constituĂ©es par les os du carpe. Le plancher est formĂ© par le ligament annulaire antĂ©rieur du carpe, tendu transversalement entre tubercule du scaphoĂŻde et trapĂšze pour l’insertion radiale, et pisiforme et apophyse unciforme de l’hamatum pour l’insertion ulnaire. Le nerf mĂ©dian chemine dans la coulisse mĂ©diale, en situation palmaire et radiale. Il est positionnĂ© en avant du tendon flĂ©chisseur superficiel du 2e doigt et en dehors du flĂ©chisseur superficiel du 3e doigt. Le flĂ©chisseur radial du carpe (FRC) a sa propre loge, Ă  l’intĂ©rieur de la concavitĂ© du trapĂšze. Le nerf se divise habituellement aprĂšs sa sortie du canal carpien pour donner ses branches terminales : le rameau thĂ©narien, moteur, destinĂ© aux muscles thĂ©nariens externes (court abducteur, opposant, et faisceau superficiel du court flĂ©chisseur du pouce) ; le nerf collatĂ©ral radial du pouce ; les nerfs digitaux commun des premier, deuxiĂšme et troisiĂšme espaces.

Lorsque le canal se rĂ©trĂ©cit, soit par une cause externe ou si la synoviale qui entourent des tendons s’épaissit apparaĂźt un conflit contenu-contenant. Le premier Ă©lĂ©ment qui souffre est le nerf.  Le passage de l’influx Ă©lectrique est ralenti, et les symptĂŽmes apparaissent progressivement.

Qu’est ce que le syndrome du canal carpien ?


Le nerf mĂ©dian est un nerf pĂ©riphĂ©rique mixte. Il assure la sensibilitĂ© des pulpes du pouce, de l’index et du majeur et de la moitiĂ© radiale de l’annulaire. Il assure Ă©galement l’innervation motrice de certains muscles du pouce, les muscles thĂ©nariens. Ces muscles sont responsables de l’opposition du pouce aux autres doigts: c’est la pince pollici-digitale.

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Dans la grande majoritĂ© des cas le syndrome du canal carpien est dit idiopathique, survenant sans qu’aucune cause ne puisse ĂȘtre identifiĂ©e. Beaucoup plus rarement il peut s’agir d’une pathologie aigue, soit Ă  l’occasion d’un traumatisme rĂ©gional (fracture du poignet, entorse grave etc..) par compression directe ou indirecte (hĂ©matome, ƓdĂšme aigue etc..). Qn peut distinguer : les Ă©tiologies microtraumatiques qui associent vraisemblablement un appui ou une compression extrinsĂšque Ă  synovite mĂ©canique, les anomalies du contenant qui sont essentiellement reprĂ©sentĂ©es par les dĂ©formations post-traumatiques du carpe, causes tumorales intracanalaires (kyste synovial, lipome), les anomalies musculotendineuses, les causes endocriniennes (grossesse, hypothyroĂŻdie, diabĂšte etc
), les maladies de surcharge (amylose primitive ou secondaire, patients hĂ©modialysĂ©s), les synovites spĂ©cifiques (polyarthrite rhumatoĂŻde, Ă©rythĂ©mateux dissĂ©minĂ©, sclĂ©rodermie, goutte).

Les patients souffrant de diabĂšte  sont plus particuliĂšrement atteints : 14 % d’entre elles et jusqu’Ă  30 % lorsqu’elles prĂ©sentent des complications neurologiques dues Ă  un mauvais Ă©quilibre. La grossesse favorise l’apparition d’un syndrome du canal carpien. Il rĂ©gresse le plus souvent aprĂšs l’accouchement mais la symptomatologie peut rĂ©cidiver lors des grossesses ultĂ©rieures. Le syndrome du canal carpien fait partie des troubles musculo-squelettiques ou TMS. Le SCC est le trouble musculo-squelettique le plus fréquent dans les statistiques des maladies professionnelles indemnisables. Le nombre de troubles musculo-squelettiques a été multiplié par 10 en 15 ans. C’est l’une des maladies professionnelles les plus frĂ©quentes dans la plupart des pays europĂ©ens, aux États-Unis et au Canada. Les travailleurs de force surtout effectuant un geste rĂ©pĂ©titif, (conditionnement, emballage
) sont plus souvent atteints que la population gĂ©nĂ©rale. Dans certains cas, la prise en charge en maladie professionnelle est possible : les formes de syndrome du canal carpien d’origine professionnelle sont reconnues en France par le tableau de maladie professionnelle no 57 du rĂ©gime gĂ©nĂ©ral de la sĂ©curitĂ© sociale dans le cadre des troubles musculo-squelettiques.

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Quels sont les symptĂŽmes du syndrome du canal carpien ?


Pans sa forme idiopathique, le canal carpien survient le plus souvent autour de 50 ans avec une prĂ©dominance fĂ©minine (75 % des cas). L’atteinte est habituellement bilatĂ©rale et asymĂ©trique. Le syndrome du canal carpien se traduit au dĂ©but par des signes subjectifs comme les fourmillements, une sensation d’engourdissement et parfois des douleurs du pouce, de l’index et du mĂ©dius, voire des douleurs ascendantes vers l’avant-bras et le coude. Ces signes peuvent dĂ©border vers les territoires des nerfs radial et ulnaire. Le plus souvent, ces signes apparaissent en deuxiĂšme partie de la nuit et rĂ©veillent vers 4/5 heure du matin. Ils disparaissent en secouant la main pendant quelques minutes. Des troubles subjectifs permanents de la sensibilitĂ© apparaissent (sensation de peau Ă©paissie, cartonnĂ©e), responsables d’une maladresse de la main. L’évolution se fait vers l’apparition une hypoesthĂ©sie puis d’une anesthĂ©sie dans le territoire du mĂ©dian. UltĂ©rieurement l’atteinte des fibres motrices entraine une diminution de la force de prĂ©hension du pouce avec un lĂąchage des objets dans la vie quotidienne.

L’examen va retrouver des signes objectifs avec :

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  • un trouble de la reconnaissance des petits objets les yeux fermĂ©s (aiguille, bouton de chemise
). L’altĂ©ration de la sensibilitĂ© de la main peut ĂȘtre dĂ©tectĂ©e par un test discriminatif de Weber ou l’étude du seuil sensitif aux monofilaments de Semmes-Weinstein.
  • une diminution du volume musculaire Ă  la base du pouce. La perte de la force musculaire peut ĂȘtre attestĂ©e au dynamomĂštre de Jamar.
  • la mise en flexion forcĂ©e du poignet entraine l’apparition ou l’accentuation des troubles, c’est le signe de Phalen. Le test de McMurthry consiste Ă  comprimer directement la face palmaire de la main en regard du canal carpien.
  • la percussion palmaire en regard du trajet du nerf mĂ©dian (dit « test de Tinel ») peut entraĂźner des paresthĂ©sies dans le territoire du nerf mĂ©dian.

 

La classification de Katz et Stirrat est rĂ©alisĂ©e selon le degré de probabilité du syndrome du canal carpien (SCC) :

  • Syndrome typique : les fourmillements, picotements, engourdissement ou hypoesthésie avec ou sans douleur atteignent au moins deux des trois premiers doigts. La paume et le dos de la main sont exclus. Une douleur spontanée du poignet ou irradiant en remontant en direction du poignet existe.
  • Syndrome probable : les signes sont identiques mais touchent aussi la face palmaire de la main, zone ulnaire exclue.
  • Syndrome possible : les fourmillements, picotements, engourdissement ou hypoesthésie avec ou sans douleur atteignent au moins un doigt parmi les trois premiers.
  • Syndrome improbable : aucun symptôme n’existe dans les trois premiers doigts.

 

Il existe des formes particuliéres a coté de cette descrition achétypique :

  • Les formes de diagnostic tardif, aprĂšs l’ñge de 75 ans diffĂ©rent globalement de la forme typique dans leur prĂ©senration. L’atteinte sensitive et motrice y est sĂ©vĂšre : les tests objectifs de la sensibilitĂ© sont perturbĂ©s, l’amyotrophie des thĂ©nariens externes est habituelle et la paralysie de l’opposition frĂ©quente. La gravitĂ© de ces signes objectifs contraste le peu de gĂȘne ressentie par les patients : les douleurs sont rares, et les antĂ©cĂ©dents d’épisodes de paresthĂ©sies manquent souvent.
  • Une forme tumorale doit ĂȘtre Ă©voquĂ©e devant certains caractĂšres cliniques : atteinte unilatĂ©rale, survenue progressive des symptĂŽmes sans facteur dĂ©clenchant et sans pĂ©riode rĂ©mission, paresthĂ©sies permanentes n’ayant pas la prĂ©doninance nocturne habituelle.
  • Chez le jeune sportif, la compression d’origine musculaire dynamique a des caractĂ©ristiques particuliĂšres. Les paresthĂ©sies apparaissent lors de l’utilisation de la main, pour disparaĂźtre au repos. Il n’y a n’y a pas de recrudescence nocturne des symptĂŽmes.
  • La survenue d’un syndrome du canal carpien au cours de la grossesse ou du post-partum immĂ©diat est frĂ©quente. Les symptĂŽmes surviennent dans la plupart des cas au cours du troisiĂšme trimestre, chez des patientes prĂ©sentant un ƓdĂšme pĂ©riphĂ©rique. Les formes de dĂ©but prĂ©coce, au cours des deux premiers trimestres ont souvent une Ă©volution plus deux premiers trimestres ont souvent une Ă©volution plus sĂ©vĂšre.

Quels examens complémentaires sont utiles ?


La radiographie des poignets et des mains n’est pas toujours indispensable. L’incidence du canal carpien est peu contributive en pratique. Elle permet en thĂ©orie, de dĂ©pister un rĂ©trĂ©cissement du canal d’origine osseuse post-traumatique ou dĂ©gĂ©nĂ©rative et en particulier s’il existe une arthrose de voisinage, trapezometacarpienne ou Scapho-Trapezo-Metacarpienne (STT).

L’échographie permet d’examiner le nerf mĂ©dian et de le comparer Ă©ventuellement au cĂŽtĂ© opposĂ© mais l’examen n’est pas spĂ©cifique et ne remplace pas l’examen Ă©lectrique dont il peut ĂȘtre complĂ©mentaire. On retiendra le bombement et/ou l’épaississement du retinaculum des flĂ©chisseurs, la modification de l’échogĂ©nicitĂ© du nerf mĂ©dian. L’augmentation de la surface de section transverse du nerf mĂ©dian (CSA) au niveau de l’orifice proximal du canal carpien (plan scaphoĂŻde-pisiforme) est le paramĂštre le plus classique, selon les Ă©tudes il varierait de 6,5 mm2 à 13 mm2. L’échographie peut rechercher aussi une anomalie locale (muscle surnumĂ©raire, kyste synovial, tumeur etc
)

L’Ă©lectromyogramme (EMG), utilisĂ© pour la premiĂšre fois par Simpson en 1956, mesure l’influx Ă©lectrique transmis par le nerf mĂ©dian. L’enregistrement Ă©tudie la vitesse de conduction sensitive et motrice du nerf et le compare aux valeurs normĂ©es attendues. Il va retrouver une augmentation de la latence et une diminution de la vitesse de conduction nerveuse sensitive et/ou motrice.

Cet examen permet de confirmer le diagnostic, de localiser le niveau de la compression et de rechercher une anomalie sur les autres nerfs du bras. Il existe des atteintes chroniques du nerf mĂ©dian avec EMG normal ou sub-normal. Cet examen n’est pas toujours indispensable. Il ne prĂ©sente aucun danger mais il est parfois un peu dĂ©sagrĂ©able.

La classification de Padua etablit un score de gravité en fonction des résultats électriques en 6 grades.

Des radiographies du rachis cervical sont parfois demandĂ©es pour Ă©liminer une compression sus-jascente ou associĂ©e Ă  la compression au poignet entrant dans dans le cadre d’un « Double Crush syndrome » c’est Ă  dire une atteinte radiculaire associĂ©e.

Quel est le traitement du syndrome du canal carpien ?


Le traitement est fonction de l’importance de la compression, c’est Ă  dire de la sĂ©veritĂ© des signes cliniques et Ă©lectriques selon la classification de Padua. En effet, il n’est pas toujours nĂ©cessaire d’opĂ©rer au stade de dĂ©but mais a contrario une intervention trop tardive risque de s’accompagner de sĂ©quelles si le nerf a souffert trop longtemps.

Dans le cadre professionnel, pour prĂ©venir le syndrome du canal carpien, il peut ĂȘtre nĂ©cessaire de redessiner les postes de travail et les outils ou de repenser les opĂ©rations Ă  exĂ©cuter, en plus d’Ă©duquer les travailleurs. Un poste de travail bien conçu limite autant que possible les positions incommodes pour le poignet et les effets stressants des mouvements rĂ©pĂ©titifs. Certaines positions peuvent ĂȘtre incommodes parce que le poste de travail n’a pas Ă©tĂ© dessinĂ© en fonction des dimensions et des proportions du corps humain. Les postes de travail doivent ĂȘtre ajustables et s’adapter Ă  la grande majoritĂ© des personnes qui doivent y travailler. Le mĂ©decin du travail et les prĂ©venteurs de l’ANACT sur son interpellation peuvent participer Ă  l’analyse et aux modications de l’ergonomie du poste de travail.

Le traitement mĂ©dical dĂ©bute par la mise en place d’une attelle nocturne. Une infiltration de corticoĂŻdes type DiprosteneÂź peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e si les symptĂŽmes persistent. Il s’agit d’un traitement symptomatique qui fait dĂ©gonfler le contenu du canal carpien en diminuant la synovite, et soulage temporairement. Mais le plus souvent, les signes rĂ©apparaissent aprĂšs quelques mois. Les infiltrations ne doivent pas ĂȘtre trop rĂ©pĂ©tĂ©es.

La chirurgie devient nĂ©cessaire en cas d’échec du traitement mĂ©dical, de compression sĂ©vĂšre et/ou prolongĂ©e du nerf pour neurolyser le nerf mĂ©dian. L’intervention consiste Ă  ouvrir l’épais ligament antĂ©rieur qui ferme le canal. La synoviale qui entoure les tendons peut ĂȘtre enlevĂ©e lorsqu’elle est Ă©paissie ou pathologique.

Cette intervention est rĂ©alisĂ©e sous anesthĂ©sie du membre supĂ©rieur locale pure ou loco-rĂ©gionale (pas d’anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale) et en ambulatoire.

La taille de la cicatrice est variable suivant que l’intervention est rĂ©alisĂ©e de façon classique ou sous endoscopie.

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  • A ciel ouvert l’incision « mini-open » est longitudinale, dans la paume.
  • Par endoscopie, selon la technique d’Agee, l’incision est le plus souvent transversale, longue de 10mm dans un pli palmaire au poignet. Elle est unique.
  • La technique de Chow a double voie est moins rĂ©pandue.
  • L’echo-chirurgie n’pas encore assez de recul.

Nous utilisons la technique endoscopique d’Agee dans les formes idiopathiques. Lorsqu’une Ă©tiologie autre est suspectĂ©e sur des arguments cliniques ou paracliniques, l’ouverture du ligament annulaire est effectuĂ©e Ă  ciel ouvert afin d’explorer le contenu du canal carpien et d’effectuer les gestes associĂ©s Ă©ventuellement nĂ©cessaires de visu.  

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Technique d’Agee par CTRS Microaire™ :

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La technique endoscopique a l’avantage d’éviter la cicatrice dans la paume de la main, et de permettre une reprise d’activitĂ© plus rapide. Elle n’est pas rĂ©alisable dans tous les cas, en particulier quand le poignet est raide, de trĂšs petite taille, lorsqu’il existe un antĂ©cĂ©dent de fracture avec un cal vicieux ou en cas de synovite importante.

L’appareil d’Agee est constituĂ© d’une poignĂ©e Ă  l’intĂ©rieur de laquelle se place un endoscope spĂ©cifique, muni d’une lame rĂ©tractable Ă  usage unique dont la commande est assurĂ©e par le chirurgien. L’incision cutanĂ©e est transversale, tracĂ©e dans un pli du poignet. L’incision cutanĂ©e est transversale, tracĂ©e dans un pli de jolus distal. Sa longueur est de 10 Ă  15 mm. Afin d’éviter de lĂ©ser le rameau cutanĂ© palmaire du nerf mĂ©dian elle se situe au bord ulnaire du tendon palmaris longus. On introduit les dilatateurs de taille croisusante afin de prĂ©parer le passage de l’endoscope, introduit dans l’axe du quatriĂšme rayon, le poignet en lĂ©gĂšre extension. La section du ligament annulaire antĂ©rieur est dĂ©butĂ©e en tirant l’appareil d’une main, tout en exerçant un contre appui palmaire. La section est ensuite poursuivie Ă  la partie proximale. La suture de l’incision se fait avec un ou deux points.

Quelle est l’évolution habituelle aprĂšs la chirurgie ?


AprĂšs l’intervention, les fourmillements nocturnes disparaissent gĂ©nĂ©ralement dĂšs la premiĂšre nuit. En revanche, lorsqu’il existait une diminution de sensibilitĂ© la journĂ©e, les symptĂŽmes ne disparaissent souvent qu’aprĂšs plusieurs mois, en raison de la rĂ©cupĂ©ration lente du nerf. Un nerf « repousse » Ă  la vitesse d’un millimĂštre par jour.

Le patient garde le gros pansement une semaine sans le mouiller et en Ă©vitant les gros efforts. Il est nĂ©cessaire de bouger les doigts le plus normalement possible. Il est normal d’avoir un peu mal la premiĂšre journĂ©e aprĂšs l’intervention. Ces douleurs disparaissent en prenant un antalgique banal. La douleur de l’intervention disparaĂźt en 1 Ă  2 jours. En cas de travail manuel, un arrĂȘt de travail de 2 Ă  3 semaines est habituel. La rĂ©gion palmaire, la base du pouce et du 5e doigt restent sensibles Ă  la pression pendant 3 Ă  6 mois. La force et la sensibilitĂ© complĂšte reviennent aprĂšs le 6e mois.

Les récidives sont trÚs rares, soit par fibrose peri-nerveuse soit par section complÚte du ligament annulaire antérieur ou du carpi volare proximal.

Quels sont les risques spécifiques ?


L’algodystrophie est un phĂ©nomĂšne inflammatoire reflexe qui peut compliquer cette intervention.

Les risques spĂ©cifiques sont liĂ©s Ă  la section du ligament annulaire. Dans la littĂ©rature on rapporte classiquement des cas de plaies vasculaires, (plaie de l’arcade palmaire, plaie d’une artĂšre digitale), plaies d’un nerf interdigital ou plaie latĂ©rale du nerf mĂ©dian, plaie d’un tendon flĂ©chisseur. Ce sont bien sĂ»r des choses rares mais classiquement dĂ©crites.

Parmi ces complications nous distinguons : les complications secondaires aux lĂ©sions d’un Ă©lĂ©ment anatomique noble, les complications qui semblent uniquement liĂ©es Ă  la section du ligament annulaire antĂ©rieur du carpe (LAAC), l’absence d’amĂ©lioration et la rĂ©cidive, enfin les complications communes Ă  tout acte chirurgical portant sur le membre supĂ©rieur.

  • Les lĂ©sions nerveuses, vasculaires et tendineuses sont souvent source de sĂ©quelles fonctionnelles. Le tronc principal mais aussi les branches digitales terminales ou la branche motrice peuvent ĂȘtre lĂ©sĂ©s (son trajet intra-ligamentaire est frĂ©quent). Elles doivent ĂȘtre traitĂ©es immĂ©diatement. Le traitement secondaire est plus dĂ©licat et peut faire appel Ă  une chirurgie palliative par transferts tendineux comme la rĂ©animation de l’opposition du pouce. Si l’amyotrophie est majeure et si le patient n’était gĂȘnĂ© en prĂ©opĂ©ratoire cette chirurgie palliative ne s’impose pas. En effet dans 40 Ă  50 % des cas, le court flĂ©chisseur du pouce reçoit une innervation ulnaire et l’opposition du pouce est prĂ©servĂ©e. Dans ces cas la section de la branche motrice peut passer inaperçue. La lĂ©sion du rameau cutanĂ© palmaire en l’absence de rĂ©cupĂ©ration peut nĂ©cessiter une rĂ©section du nĂ©vrome avec transposition en zone saine ou en une avulsion simple.
  • Les douleurs du talon de la main, « Pillar pain », ont une incidence d’environ 30 %. En l’absence de onsensus sur l’origine des douleurs on peut raisonnablepenser que la cause des douleurs est multiple : Ă©largisment de l’arche carpienne, pĂ©riostite des os du carpe, traction des muscles thĂ©nariens et hypothĂ©nariens sur les berges cicatricielles du LAAC, section petits rameaux nerveux etc
Le bilan radiographique du poignet (face, profil, incidence du canal carpien) ĂȘtre complĂ©tĂ© par un bilan de l’articulation trapĂ©zomĂ©tacarpienne et pisotriquĂ©trale. La perte de force, les doigts Ă  ressaut, la luxation de tendons flĂ©chisseurs et le syndrome de la loge de Guyon peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme de vĂ©ritables effets secondaires de la section du LAAC.
  • L’absence d’amĂ©lioration et la rĂ©cidive des symptĂŽmes sont les premiĂšres causes de reprises chirurgicales. L’ouverture incomplĂšte du LAAC et la « neurodĂšse » sont respectivement incriminĂ©es. Le diagnostic confirmĂ©, le traitement chirurgical consiste en l’ouverture du LAAC, la neurolyse du nerf mĂ©dian, l’exploration du canal carpien et de façon quasi systĂ©matique en un lambeau d’interposition ou d ’un endotube synthĂ©tique.

Références


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L’auteur : Docteur Patrick HOUVET

Le Docteur Patrick Houvet, chirurgien orthopĂ©diste Ă  Paris et en Île-de-France, est spĂ©cialiste en chirurgie orthopĂ©dique du membre supĂ©rieur, ainsi qu’en chirurgie des nerfs pĂ©riphĂ©riques.